William’s Njoh Nseke, Responsable des Opérations et du Commercial à CBC : « Le problème que nous avons avec les investisseurs est règlementaire »

Marché Financier et épargne : quelles incitations pour l’épargne longue…?, est là, la thématique qui a meublé les échanges du deuxième panel lors de la Finance Week 2023 qui s’est tenue du 29 septembre au 1er octobre dernier. Pour William's Njoh Nseke, Responsable des Opérations et du Commercial à CBC, la tarification constitue un gros problème en ce qui concerne la mobilisation des fonds.

La tarification constitue un gros problème en ce qui concerne la mobilisation des fonds, selon Williams Njoh Nseke, responsable des opérations et du commercial à la CBC. D’après lui, celle qui est en cours date de 2020 et est l’émanation des accords conclus entre  la Commission de surveillance du marché financier (Cosumaf), la BVMAC et tous les acteurs du marché et les sociétés de bourse ainsi que le dépositaire central qu’est la Banque centrale des Etats de l’Afrique central.

«Au niveau de la tarification, elle va être révisée mais le chantier n’a pas encore été mis en place parce que nous sommes dans un processus d’implémentation du marché financier. Nous n’avons pas encore achevé le processus de fusion. Donc la tarification fait partie des chantiers du régulateur sur lesquels nous allons travailler».

Si l’épargne longue est questionnée du point de vue de l’émetteur, elle devrait également l’être au plan de la société de bourse elle-même, qui est en contact tant avec l’émetteur qu’avec l’investisseur. « Le problème que nous avons avec les investisseurs est règlementaire. Par exemple, les plus gros investisseurs sur nos opérations de levées de fonds sont les banques ; et nous avons un problème de ratio de couvertures des immobilisations. Et le ratio de couverture de l’immobilisation est constitué des fonds propres sur les ressources permanentes et les immobilisations », explique Williams Njoh Nseke.

Or, les titres du marché financier ou du marché des capitaux qui sont supérieurs à un an de maturité, sont des titres considérés comme des immobilisations alors que ce sont des titres de transaction. Ce qui veut dire que ça gonfle le niveau des ratios d’immobilisations des banques. « Et les banques ne peuvent pas se permettre d’investir sur deux ans, cinq ans, voire 10 ans parce qu’après, comme il y a les critères de convergence au niveau de leur ratio, elles sont trompées et on peut aussi prendre le ratio de couverture de risque constitué des fonds propres sur les risques de crédit », souligne-t-il. Donc au niveau règlementaire il y a déjà un problème au niveau de l’épargne longue.

Mesures

Le cheval de bataille des acteurs du marché, selon le responsable des opérations de CBC, devrait être la vulgarisation du marché financier. «C’est pour ça que nous saluons la Finance Week et remercions M. Fidieck parce que nous espérons, comme il l’a dit, que ce soit le Davos de la finance ici au Tagidor en zone Cemac ». Et de poursuivre : «nous devons vulgariser le marché financier, ça commence par ce type d’évènement, par la communication, la presse. Parce que pour que l’investisseur ou le particulier soit intéressé par les investissements sur le marché financier, il faut qu’il soit mis au courant.  Il faut que les médias et tous les acteurs soient au courant de ce que c’est qu’investir sur le marché financier».

Cela passe par le développement de synergie pour la vulgarisation des marchés financiers d’une part, et la garantie de la présence permanente de la liquidité sur le marché. Car, faut-il le rappeler, les titres de transaction qui ne doivent pas figurer aux immobilisations, sont considérés comme tels parce que le régulateur des banques considère que ce ne sont pas des titres liquides. C’est pour ça qu’au bout de deux ans, c’est considéré comme une démobilisation parce qu’ils ne sont pas échangés.

«Le client à qui vous vendez un titre pour 10 ans, va vous demander s’il est possible que dans cinq ans, il reçoive de la liquidité s’il en a besoin. Il faut être capable de lui garantir ça. Ces mesures sont en train d’être travaillées justement pour garantir cela aux clients »

Le dernier point concerne ce qu’il appelle le cannibalisme. Les principaux promoteurs du marché financier sont les chargés de clientèle. «Le problème c’est que le chargé de clientèle vous dira que son travail c’est la collecte des ressources et l’octroi des crédits, la fonction première de la banque. Il est bloqué sur la collecte des ressources, et il faut lui expliquer que les ressources collectées, peuvent et doivent être investies sur le marché financier. Du coup, lui-même, il faut l’inciter à vendre ce type de produit et le manager pour cela », explique-t-il.

Mais il faut également garantir la liquidité de l’épargnant en lui faisant faire des placements compétitifs sur le marché financier. Par exemple, si un client a 100 millions à déposer, on pourrait lui demander de mettre 50 millions sur le marché financier et 50 millions en bon de caisse. 50 millions sur le marché financier sont immobilisés, et les autres permettent qu’à tout moment, il peut casser son bon de caisse, et récupérer de la liquidité.»