Olivier Baman, DGA d’Alios Finance : « Il faut des mesures incitatives pour emmener les organismes financiers à proposer les conditions plus attrayantes»

Dans un contexte de recherches de ressources longues, Olivier Baman estime que le financement des activités passe par la mise en place d’un dispositif incitatif efficace.

Alios Finance est souvent allés sur le marché financier. Sa première sortie a eu lieu en 2018 avec une levée de 10 milliards de Fcfa sur les 08 milliards recherchés. Une deuxième opération a été lancée en 2021 et a permis de lever 85% des 10 milliards ciblés. Mais au mois d’août 2023, l’établissement financier est allé à la conquête de 10 milliards de Fcfa en deux tranches dont une tranche de 3 milliards amortissable sur 03 ans à un taux d’intérêt de 6% ; et une deuxième tranche de 7 milliards qui devait s’amortir sur 05 ans. « Au final, pour cette tranche longue, nous en sommes sortis avec 56% du montant ciblé, tandis que pour la tranche courte, nous avons fait 147% », explique-t-il.

Pour lui, les pays africains ont des défis politiques encore importants qui rendent difficiles la mobilisation de l’épargne longue. Les épargnants camerounais et pas que, s’interrogent sur l’opportunité et la pertinence des investissements dans le pays et ailleurs. De plus, les défis politiques de nos pays font également que le gens sont plus enclins à se tourner vers le plus immédiat, quelque chose  qui va pouvoir rapidement se terminer question de pouvoir se relancer en cas de présence de nouvelles opportunités.

A côté de ces deux points, il y a les acteurs du marché financier. «Nous observons que de nombreuses banques s’intéressent au marché camerounais et, chaque année, on a une nouvelle banque qui entre sur le marché -ne serait-ce que sur les deux dernières années en tout cas- et qu’elle crée rapidement des sociétés de bourse. Ça montre un dynamisme qui se ressent mais qui doit être encore plus fort», plaide le financier. Du côté des épargnants, le DGA d’Alios Finance perçoit une certaine frilosité par rapport aux produits financiers. «Il faut qu’à travers la communication, les choses soient clarifiées, rassurer les épargnants, leur donner des garanties pour qu’ils se sentent plus prêts à se projeter.»

Mesures incitatives

L’Etat a un rôle central. Il faut des mesures incitatives pour emmener les organismes financiers à proposer les conditions plus attrayantes, pour que les épargnants  trouvent un intérêt à se lancer dans de telles opérations. Il faut aussi des mesures avec les autorités de régulations de la banque centrale pour encourager un déploiement plus international et économique. Si tout le monde se concentre sur la ressource locale, eh bien elle devient un peu rare pour tout le monde.

Il y a à côté cela ; la question de la fiscalité des questions de mobilisation des fonds jugée trop contraignante et peu attractive. Celle-ci devrait assouplie pour permettre aux acteurs de l’économie locale d’aller chercher sur des marchés éloignés des ressources à court terme pour que les financiers locaux puissent accorder des ressources plus longues.

Ce défi de la fiscalité doit également permettre de sortir une tarification beaucoup plus attrayante pour les épargnants. Il serait par exemple intéressant de déposer ces ressources pour un terme beaucoup plus long si le taux de sortie n’est pas asphyxiant. «Pour les acteurs du marché financier, les sociétés de bourse, la bourse elle-même, que l’on se fasse connaître chacun pour ce que nous savons faire. Qu’il y ait un certain jeu de concurrence qui stimule l’innovation dans les montages, les modèles, dans les outils de garantie », plaide Olivier Baman.